Au Japon et en dehors du Japon
Au Japon et en dehors du Japon

Tokugawa-en

Description

Le jardin Tokugawa-en 徳川園, situé à Nagoya 名古屋, est une reconstitution remarquable d’un grand jardin de daimyō de l’époque d’Edo. Son origine remonte à la résidence de retraite du deuxième seigneur de la branche Owari des Tokugawa, Tokugawa Mitsutomo 徳川光友, dont la création du domaine date de 1695. Le site était alors bien plus vaste que le jardin actuel car couvrant environ 44 hectares. Il était doté d’un grand plan d’eau, illustrant la volonté des puissantes familles féodales d’instaurer dans la ville un paysage évoquant symboliquement montagnes et mer du Japon.

Au XXᵉ siècle, la propriété revient à la famille Tokugawa, puis, en 1931, le dix-neuvième chef de la famille, Tokugawa Yoshichika 徳川義親, fit don d’une partie du domaine à la Ville de Nagoya. La municipalité ouvre alors le parc au public en 1932. Le jardin subit cependant de lourds dommages lors d’un bombardement en 1945, ne conservant que quelques structures historiques.

À la fin du XXᵉ siècle et au début du XXIᵉ, un vaste programme de restauration et de réaménagement est entrepris, et le jardin rouvre sous le nom de Tokugawa-en en 2004 pour l’ouverture de l’exposition d’Aichi dans le style d’un jardin japonais de promenade autour d’un étang « chisen-kaiyū-shiki teien » 池泉回遊式庭園. 

Cette restauration moderne, alliant authenticité historique et lisibilité contemporaine, est dirigée par le paysagiste Ito Kunie 伊藤邦衛 (voir une de ses autres réalisations publiée sur le site japonjardin.fr : Mejiro Teien)  figure majeure de l’architecture de jardins japonaise du XXᵉ siècle. Il privilégie la reconstitution des éléments caractéristiques des jardins de daimyōs : différents reliefs, escarpements, jeux d’eau et perspectives soignées qui invitent à une promenade contemplative, offrant une succession de scènes paysagères.

La composition du jardin s’articule autour du grand plan d’eau, le Ryūsenko 龍仙湖, que l’on contourne en suivant des chemins sinueux, des passerelles et une jetée-pont pittoresque. Cette jetée s’avance sur l’étang et se termine par un petit pont arqué « taiko-bashi » 太鼓橋, typique des jardins japonais, qui permet de traverser un bras d’eau tout en offrant une vue panoramique sur le plan d’eau et ses berges. Ce dispositif invite à ralentir le pas et à admirer le reflet des arbres sur l’eau, dans une composition harmonieuse entre architecture et nature. Cette jetée-pont est une réplique miniature du Seikotei 西湖堤, une digue emblématique qui sépare la surface du lac Sei de la ville de Hangzhou en Chine. Cet élément emprunté se retrouve également dans des jardins célèbres tels que Koishikawa Kōrakuen 小石川後楽園 à Tōkyō, Yosui-en 養翠園 à Wakayama ou Shukkei-en 縮景園 à Hiroshima, témoignant de l’influence chinoise dans l’art paysager japonais.

L’eau, alimentée par une nappe souterraine, est traitée comme une mer miniature : îlots, bosquets et rochers imposants y sont disposés pour créer des perspectives sans cesse renouvelées.

Le relief joue un rôle majeur : on y trouve notamment la cascade Ryumon-no-taki près de l’entrée Sud et la cascade Ōzone-no-taki 大曽根の瀧 dans l’angle Est. Cette chute d’eau est composée de trois sauts d’environ 6 mètres de hauteur, simulant un torrent de montagne se jetant dans un lac. Les différences d’altitude (environ 11 mètres entre la surface du plan d’eau et le point le plus élevé) créent des effets sonores et visuels essentiels à la dramaturgie paysagère.
Un autre élément à admirer est le pont Ryūsenkō 龍仙橋, un très élégant pont en bois de cèdre blanc, construit au-dessus du ruisseau Tora-no-O 虎の尾. Ce cours d’eau se situe environ 5 mètres sous le pont, et le ruisseau en aval rejoint l’étang Ryūsenko. Ce pont offre lorsqu’on le franchit un point de vue privilégié sur la circulation de l’eau et son environnement d’érables aux couleurs spectaculaires en automne et montre lorsque l’on passe en dessous sa très belle architecture de piliers à béquilles.

Aujourd’hui, Tokugawa-en offre une expérience complète : un parcours historique et esthétique, des événements saisonniers (lâchers de lanternes flottantes, floraisons), ainsi que la proximité du Tokugawa Art Museum 徳川美術館 qui enrichit la visite d’un contexte culturel et documentaire sur la famille Owari-Tokugawa. Pour qui souhaite comprendre l’esthétique des jardins de daimyō et la manière dont le paysage urbain contemporain dialogue avec un patrimoine aristocratique, Tokugawa-en constitue un exemple saisissant de restauration et de mise en valeur du patrimoine paysager japonais.

Plan

Galeries de photographies

Les accès depuis la place du Musée d’art Tokugawa et vers le restaurant Kansenro et le premier pont surplombant la cascade Ryumon-no-taki.

Vues panoramiques de l’étang Ryūsenko.

Les berges et les ponts entourant l’étang.

La montée par le torrent Tora-no-o et le pont Kosenkyo et la partie supérieure du jardin.

Protection des cycas, aussi appelés sagous du Japon, « sotetsu » ソテツ, par de la paille pour l’hiver.

Le jardin est un lieu de prédilection pour les photographies de mariés.

Référence bibliographique

  • Japon, Lonely Planet, 6ème édition, 2017 : p. 228

Lien externe

Vous trouverez des informations en anglais sur le site officiel de Tokugawa-en.

 

Mise à jour : 17 août 2025