Au Japon et en dehors du Japon
Au Japon et en dehors du Japon

NANTES : Jardin japonais de l’Île de Versailles

Présentation

L’Île artificielle de Versailles a été aménagée à partir d’un projet datant de 1761. Les travaux de curage de l’Erdre et les déblais dus du creusement du canal de Nantes à Brest ont permis à l’île de prendre forme en 1831. Celle-ci, d’une surface de 1,7 hectare, est alors occupée par des tanneurs, des menuisiers, des charpentiers de marine et des pêcheurs.

En 1985, le Maire de Nantes, Michel CHAUDRY, décide de lancer un concours d’idées pour le réaménagement de l’île.

C’est ainsi que l’Île de Versailles deviendra un jardin japonisant en retenant l’idée des lauréats du concours remporté par l’équipe constituée de l’architecte Jacques DULIEU, Claudine BRETON, Michel CORMIER, Michel DUDON et l’architecte paysagiste Louis SOULARD.

Etaient prévus, une capitainerie, un restaurant, un pavillon d’animation et d’exposition qui sera dénommée « Maison de l’Erdre » et un jardin japonais.

L’aménagement intègre de nombreux fondamentaux des jardins japonais. En premier lieu la présence de l’eau naturellement en adéquation avec la singularité d’occuper une île, avec les créations une cascade, d’un ruisseau et d’un étang. Ensuite, la construction d’une petite butte, la création d’une petite forêt et la présence d’imposants rochers évoquant un site naturel de montagne. Enfin, le dialogue avec des éléments construits, la galerie et le pavillon d’exposition qui fait référence à une maison de thé, telle celle présente dans de nombreux jardins japonais.

Les travaux se dérouleront entre mars 1986 et juillet 1987. Le jardin japonais est devenu de 2ème parc le plus visité de Nantes grâce à sa situation centrale et de son agrément, surtout en période estivale, puisque 1,2 million de visiteurs le fréquentent chaque année.

Dessins du projet de concours

Dessins de l’architecte Jacques Dulieu (1938-2023) présentés au concours d’architecture pour l’aménagement de l’Île de Versailles.

Mémoire du projet de concours

Quel jardin ?

« Mise en ordre du monde…   Enclos où l’on redispose de la nature…   Lieu où le temps pourrait peut-être s’arrêter…

L’art des jardins mène à tout cela. Rêve et construction à la fois, il va s’harmoniser deux termes contradictoires : nature et formes asservies.

Par essence, le jardin est une île….

Depuis les terrasses de Babylone et jusqu’aux jardins pittoresques, les civilisations inventent leurs enclos. Notre 20ème siècle n’a pas encore su trouver le sien. Il va falloir puiser dans l’héritage.

Autre difficulté, notre site est restreint et son environnement bâti peu structuré. Le jardin va donc se replier sur lui-même et les grandes compositions ne lui conviendront pas. Le style anglais, pour bien se développer, supposerait une plus vaste échelle. Par ses dimensions intimes, le préau médiéval pourrait nous intéresser. Mais avec ses murs, son abbaye ou son château, il s’accole à la cité et s’accommode mal du milieu aquatique.

Tournons nous plutôt vers l’Extrême Orient, ainsi que Nantes a su le faire déjà.

Un jardin Japonais, c’est l’ailleurs. C’est une nouvelle façon de retrouver le climat perdu de l’île: un petit monde différent, en marge de la Ville.

Démarche artificielle ? Peut-être. Mais l’île elle-même est une réalisation artificielle, entièrement à reconstruire maintenant, puisqu’elle a perdu son étrangeté depuis le passage des démolisseurs.

En nous inspirant librement de l’art des maitres de l’Extrême Orient, nous pouvons :

  • Créer l’évènement, car Nantes ne possède pas encore. ce type de jardin exotique
  • Développer, malgré l’exiguïté du site, un ensemble varié et cohérent, se suffisant à lui-même sur l’île. Donc répondre aux fonctions que l’on attend du jardin
  • Donner à la ville le cadre où elle pourra mettre en valeur les cultures sur terre de bruyère. La région est un grand centre de ce type d’horticulture et le jardin japonais constitue le lieu par excellence où valoriser ce savoir-faire. On pense aux azalées en particulier.

Composé comme un tableau à trois dimensions, avec des pierres, des mousses, de l’eau et des végétaux à feuilles persistantes, le jardin portera la patine du temps. Deux dimensions seront présentes :

  • le repos et la méditation
  • le parcours, promenade variée d’un paysage à l’autre.

Le Jardin aura ses îles, sa cascade, son lac, la forêt sera en bambous. La rivière en galets et le pont en mousse. Azalées, graminées, pins, érables, cyprès chauves, plantes d’eau de l’Erdre rejoindrons les saules pleureurs et les aulnes.

Notre maison de thé sera un peu grande : ce sera la maison de l’Erdre organisée autour d’un jardin sec, pour le plaisir des yeux…

Cascade d’eau, glissant comme des voiles transparentes à la surface des roches dont elle épouse les contours, mais aussi cascades végétales faites de coulées de mousses et de fleurs qui font déferler entre les rochers des trainées de bleu, de vert, d’or et de pourpre.

Cascades minérales où l’eau s’est muée en avalanches de galets blancs, gris ou azurés, qui tout en ayant la densité et l’immobilité de la pierre, évoquent le tourbillonnement des eaux. Les cataractes de pierres y sont plus violentes que les cataractes liquides, l’avalanche de galets plus impétueuse qu’un torrent, pourtant tout est silencieux, immobile, pétrifié. »

Plan de masse

LEGENDE :

A Le bassin

B Le pavillon et la galerie

C Les pas japonais

D Le pont et la cascade

1 Triade de rochers

2 Lanterne « gata »

3 Tori

4 Lanterne « tachi-gata »

5 Pont à pans coupés

6 Galerie couverte

7 Pavillon de l’Erdre

Références au Japon

Le projet réalisé évoque plusieurs jardins remarquables du Japon, comme les illustrations ci-dessous tentent de l’attester.

La longue galerie couverte, orientée Nord-Sud et reliée au Nord au Pavillon de l’Erdre, constitue un élément structurant du jardin. Cette galerie-pont surplombe l’étang et permet d’isoler et protéger le centre du jardin.

A gauche : pont Taiheikaku au sanctuaire Heian à Kyoto ; à droite: galerie Tsuten-kyo au temple Tofuku à Kyoto

Au Sud de l’étang, le monticule boisé apporte une ambiance de nature et un espace de fraicheur. Un dispositif de plusieurs petites cascades alimente l’étang et le ruisseau menant à un pont courbe en bois.

A gauche : cascades à la villa Murin-an à Kyoto ; à droite : pont rouge au Jardin mémorial Fujita à Hirosaki

Les nombreux cheminements offerts au visiteur, permettent de traverser ou contourner le jardin japonais, en franchissant tantôt un portail ou en empruntant divers ponts, soit rectiligne et en béton, soit en zigzag et en bois.

A gauche : pont en pierre à Kyu-Furukawa Teien à Tokyo ; à droite : pont zigzag en bois à Kenroku-en à Kanazawa

L’on peut traverser le ruisseau ou l’étang par deux types de gués, soit constitué de pierres naturelles, soit constitué de tronçons de colonnes disposé tels des pas japonais.

A gauche : gué à Kiyosumi Teien à Tokyo ; à droite gué constitué d’anciens éléments de piles de pont au sanctuaire Heian à Kyoto

Le pavillon de l’Erdre construit au Nord du jardin, borde l’étang sur un de ses côtés. Au centre du bâtiment un jardin sec « kare-san-sui » occupe la totalité du patio.

A gauche : maison de thé au jardin Hamarikyu à Tokyo ; à droite : jardin sec au temple zen Ryoan-ji à Kyoto

Galeries de photographies

Vues de l’Île de Versailles sur sa rive Est.

Le portique, la place entourée d’une clôture en bois, les lanternes et l’allée longeant la galerie-pont sur son côté Est.

La galerie-pont et ses relations avec la forêt et l’étang qui s’étend de part et d’autre de la galerie.

L’étang avec ses ponts minéraux et son gué en pierres cylindriques.

La forêt, le portail, les cascades, le ruisseau, le pont rouge et le pont en zig-zag.

Le Pavillon de l’Erdre, ses transparences et ses volumes intérieurs.

Le jardin sec « kare-san-sui », ce qui signifie « montagne-eau-sec », dans la cour du Pavillon de l’Erdre.

Les différents types de lanternes disséminées dans le jardin.

Lien externe

Vous trouverez quelques renseignements sur le site officiel du tourisme de Nantes « Le Voyage à Nantes ».

Mise à jour : 28 janvier 2025